Les Arts Martiaux Chinois

Sommaire

Présentation

Introduction

1 : Evolution des arts martiaux traditionnels vers les pratiques modernes

2 : Les différents types de pratiques martiales

3 : La préparation au combat

4 : Les enjeux psychologiques

     A/ Durant l’entrainement

     B/ Dans la rue

5 : Taichi, une autre façon de pratiquer.

     A / le Yin et le Yang

     B / Art martial, gymnastique de santé et voie spirituelle.

Conclusion

 

Présentation

En 2009, après un séjour de 4 ans en Chine où j’ai suivi un entrainement intensif en TAO LU moderne, j’ai décidé de créer mon association l’Art du Tao. J’ai étudié les styles du nord, mains nues, sabre, bâton, épée et lance à l’université des sports (Bei Jing Ti Yu Da Xue) ainsi qu’à l’académie des sports de Pékin (Shi Cha Hai, école d'entrainement de l'acteur Jet Li).

 

Je pratique les arts martiaux depuis l'âge de 10 ans. J'ai commencé par 3 ans de Karaté, puis je suis passé au Kung Fu à l'adolescence, je continue à pratiquer depuis. Passionné par les arts martiaux chinois, l'enseignement était une suite logique à ma pratique. Diplômé d’état ceinture noire en 2010, j’enseigne les arts martiaux chinois aussi bien aux enfants qu’aux adultes, à Bordeaux, depuis septembre de cette même année.

 

En 2011, je décide de réorienter ma pratique vers le SAN DA, sport de combat national chinois.

Très attiré par l’aspect martial traditionnel du TAI JI QUAN (Taichi) style CHEN, je me rends durant l'été 2015 et 2016 dans l'école de maître Chen Bing à Chen Jia Gou (province du He Nan) pour des stages d’entraînement intensif. En 2018, un très bon ami rencontré en Chine me présente à son enseignant de Taichi à Paris. Je continue actuellement l’apprentissage du style YANG avec cet enseignant.

 

Depuis début de saison 2021-2022, j’enseigne le San Da et le Tai Ji Quan (Taichi) sous le nom d’école TAIJI BOXING CLUB.

Introduction

WU SHU () en chinois signifie « Arts Martiaux » et englobe donc la multitude de styles existants.

Le terme KUNG FU est introduit en Occident dans les années 70 pour désigner les films d’arts martiaux chinois. La sonorité occidentalisée Kung Fu vient du chinois (功夫 : Gong Fu) et signifie en réalité « Avoir de grandes capacités ou maîtrise » dans un art quel qu’il soit.

 

Les origines du WU SHU remontent à la préhistoire, quand les ancêtres utilisaient la pierre et le bois pour chasser, à la fois pour survivre et pour se défendre contre les animaux féroces et les serpents venimeux. Dans les conflits tribaux, ils se servaient de leurs outils de production comme des armes de guerre. L’expérience de la guerre leur a appris que pour dominer son adversaire, il ne suffit pas d’avoir de bonnes armes, il faut être en bonne condition physique et améliorer ses techniques de combat par un entraînement intensif en temps de paix.

 

On constate les débuts d’une véritable évolution pendant la dynastie Zhou (– 256 BC). Une sorte de lutte appelée Jiao Li est alors considérée comme un sport militaire, au même titre que le tir à l’arc et les courses de chars.

 

Les arts martiaux proviennent des arts de la guerre dans les contextes historiques d’invasions territoriales, avant l’avènement des armes à feu. En Asie les arts martiaux étaient transmis aux soldats de l’armée pour se préparer à la guerre, ou dans des « écoles », de maitres à disciples.

 

Dans la Tradition des arts martiaux, le style, créé par un maître, porte souvent la dénomination de boxe (Quan). Les styles comportent la plupart du temps des formes, les TAO LU (série de mouvements décrivant des techniques d’attaque et de défense) à mains nues ou avec armes et leurs applications martiales permettent de s'exercer au combat.

1 : Evolution des arts martiaux traditionnels vers les pratiques modernes

En 1924, le parti nationaliste chinois crée l’académie militaire du Huang Pu dont le but est de former les militaires au combat. Grâce aux bases des arts martiaux chinois et avec la collaboration de l’armée soviétique, un système de self défense/combat rapproché est développé par les instructeurs de l’académie. Cette discipline s’appelle d’abord SAN SHOU (littéralement : main libre.)

 

En 1953, à la suite de démonstrations d’arts martiaux lors de la première édition des jeux nationaux chinois, le gouvernement communiste se rendit compte de l’influence des maîtres et de l’impact du WU SHU sur le peuple. Un certain nombre de maîtres furent emprisonnés, d’autres s’exilèrent à Taiwan ou Hong Kong... Un comité pour la réforme du WU SHU fut créé, de nouvelles disciplines plus sportives virent le jour.

 

Le SAN DA, descendant du SAN SHOU, signifie combat libre. C’est une boxe pieds/poings où les saisies et projections sont autorisées mais sans combat au sol. Considéré comme le "kickboxing chinois" c'est le sport de combat national en Chine.

 

Le CHANG QUAN, qui signifie "boxe longue", est développé en 1956 par le comité national d’éducation physique chinois. C’est une synthèse officielle de différents styles traditionnels (tels que le Hua Quan, Zha Quan, Pao Quan, Hong Quan, Pi Gua Quan, Shao Lin Quan), choisis pour leurs qualités gymniques et chorégraphiques. C'est un des styles les plus répandus en Chine et dans le monde. Il se présente sous forme d’enchainements de mouvements (Tao Lu) dont la vocation est l’allonge, la souplesse du corps, la tonicité musculaire et la fluidité des mouvements.

 

A l’origine chaque mouvement d’un TAO LU décrit une application martiale, mais cet aspect est passé au second plan, la gestuelle a été magnifiée pour lui donner un coté plus spectaculaire et gracieux. L’efficacité martiale a laissé place au développement de capacités physiques et à l’esthétisme, faisant ainsi du Chang Quan une discipline sportive, artistique et acrobatique. Bon nombre d’acteurs et chorégraphes de cinéma d’arts martiaux chinois ont pratiqué le Chang Quan à haut niveau, le plus connu d’entre eux est Jet li.

 

En 1990 à Pékin, la fédération internationale de WU SHU fut établie dans le but de promouvoir ces disciplines à travers le monde. Les premiers championnats du monde se déroulèrent l’année suivante. Ces nouvelles disciplines sont orientées vers la compétition, avec des règles bien précises, dont le but est avant tout la performance, c’est pourquoi elles sont qualifiées de « MODERNES.»

 

Les épreuves de CHANG QUAN et combats de SAN DA ont lieu en parallèle lors des championnats du monde, pour que le public puisse apprécier à la fois la fluidité et l’esthétisme des formes ainsi que la puissance et le réalisme du combat.

 

Les boxes modernes sont très médiatisées via les compétitions nationales et internationales et sont ainsi devenues très populaires. Les arts martiaux traditionnels continuent de se diffuser mais touchent un public souvent plus attiré par l’art avec un autre état d'esprit vis-à-vis du combat. 

2 : Les différents types de pratiques martiales

Le contexte actuel de notre civilisation, l’état de « paix », la mise en scène des arts martiaux au cinéma et la médiatisation des compétitions ont transformé les pratiques martiales traditionnelles. Ces dernières ont été revisitées, mixées pour en faire émerger des formes de combat ou de démonstration, orientées sur l'efficacité ou l’esthétisme et la performance physique.

 

Il est nécessaire de faire une distinction entre art martial, sport de combat et méthode de self défense.

 

La plupart des arts martiaux comportent des formes, (Tao Lu, Kata…) généralement codifiées par le fondateur du style et modifiées par les disciples les plus aptes. Les formes ont pour vocation de parfaire la gestuelle et la condition physique de manière individuelle. Les mouvements des formes servent d’applications martiales pour pratiquer avec un partenaire, l’objectif étant de développer la précision, les réflexes et le sens du combat.

 

La pratique des arts martiaux a récemment donné naissance à des disciplines purement artistiques. Les enchainements de mouvements effectués individuellement ont été magnifiés et agrémentés par des figures acrobatiques à des fins scéniques, pour le spectacle, la compétition et le cinéma.

 

L’entrainement à un sport de combat suit la codification des règles de compétition, par exemple en San Da, les coups de poings et pieds sans les genoux et coudes, les saisies et projection sans combat au sol.  A la salle ou en compétition, deux partenaires ou adversaires, ayant la même intention, avec au minimum des gants de boxe (ou mitaines) et un protège dents, s'opposent. Le combat débute à un moment et une distance définie.

 

Cette codification ne fait pas sens pour de la self défense.

La self défense est une méthode de préparation psychologique et d’apprentissage de techniques de combat, visant à faire face à une situation de conflit ou d’agression, afin de défendre son intégrité physique et morale, dans un environnement de paix sociale (différent de l’état de guerre.)

 

L’apprentissage d’une méthode de self défense s'orientera davantage vers la mise en situation plus réaliste en lien avec le contexte d’un combat « de rue ». La pratique peut se faire avec des gants mais la majeure partie des techniques s’effectue à mains nues.

 

Il est important de préciser que les méthodes de self défense grand public s’adressent à des civils ne faisant pas face à la violence dans leur quotidien. Elles sont à distinguer des méthodes d’interventions (militaires, policières, de sécurité) pour les professionnels nécessitant un entrainement physique beaucoup plus intense et comprenant un panel de techniques plus large.

 

De manière plus spécifique, une pratique martiale traditionnelle vise la maitrise de soi et est souvent assimilée à un art de vivre, voire une quête spirituelle. On peut aisément rencontrer dans le milieu des arts martiaux des passionnés qui pratiquent depuis plusieurs décennies et qui continueront jusqu’à leurs vieux jours.

 

Les styles artistiques, plus adaptés aux jeunes pratiquants, permettent de développer de très bonnes qualités physiques telles que la souplesse et l’explosivité musculaire. Il faut garder à l’esprit que l’aspect scénique et acrobatique de ces styles ne prépare pas au combat. En effet, il n’y a pas de confrontation, seulement de la chorégraphie.

 

La pratique des sports de combat s’est vraiment démocratisée par le développement de méthodes d’entrainements orientées sur le loisir. La recette de ce succès est la dépense énergétique et les sensations de bien-être qu’une bonne séance peut procurer. Une pratique de loisir permettra à la fois de se défouler et de forger le mental au combat. Le milieu de la compétition étant vraiment très exigeant, autant sur le plan physique que mental, les compétiteurs représentent dorénavant une faible part des pratiquants.

 

Les méthodes de self défense ont pour objectif d’apprendre de façon simple et efficace à faire face à la violence verbale et/ou physique d’une agression pour y répondre de manière adéquate. Les notions de plaisir, performance, dépenses énergétiques passent au second plan.

 

En conclusion, choisir une pratique où l’on donne et reçoit des coups, même lorsque les échanges restent souples, nécessite d’avoir un objectif sérieux. Il est important que chacun identifie ses envies ou besoins personnels avant de pratiquer une discipline issue des arts martiaux.

3 : La préparation au combat

Quel que soit notre objectif lorsque l'on débute la pratique d’un art ou d’un sport, l’apprentissage passe inévitablement par la répétition de gestes basiques, des centaines et des centaines de fois. La gestuelle des arts de combat nécessite un entrainement régulier pour permettre aux pratiquants de développer de nouvelles habiletés motrices.

 

Pour trouver plus d’aisance dans le combat, il est nécessaire, dans un premier temps, de bien assimiler comment protéger son corps. Une bonne structure corporelle et le maintien de la garde permettent d’être plus à l’aise lors des échanges de coups. Il est également préférable d’apprendre à exécuter les techniques, de manière détendue, d’augmenter le niveau de puissance progressivement tout en continuant à bien délier les frappes sans trop se contracter.

 

La répétition des techniques, shadow-boxing, formes (tao lu), frappes dans les cibles, mise en situation, etc. développent la coordination, accentuent la précision du geste et amènent de bons réflexes. Cependant, cela n’est pas suffisant pour avoir la capacité à gérer le stress d’un combat.

 

La Préparation Physique est primordiale. L’entrainement au combat doit avant tout être composé d’exercices qui favorisent le développement des capacités cardio-vasculaire. L’acquisition de bonnes capacités physiques, telles que la force, le relâchement, la stabilité, l’élasticité et l’explosivité musculaire développeront la confiance en soi et auront un impact important sur la gestion du stress.

 

Le néophyte qui démarre une pratique martiale doit se dire que l’entrainement, peu importe le style pratiqué, doit bien s’équilibrer entre préparation physique intense, techniques de combats cohérentes et mises en situation variées lui permettant de sortir de sa zone de confort. Les gestes techniques vont se délier et deviennent plus naturels à force de répétition mais surtout grâce à la fatigue musculaire d’une pratique suffisamment intense.

 

S’entrainer de façon régulière, avoir une bonne condition physique sont les facteurs clés pour être à l’aise dans sa pratique et mieux gérer le stress du combat. Je connais mes capacités physiques donc je sais ce que je peux faire ou ne pas faire. Le lien entre préparation physique et mentale est très étroit, il va bien au-delà de la technicité de l’art de combat pratiqué. La rigueur permet de persévérer.

4 : Les enjeux psychologiques

A/ Durant l’entrainement :

 

Par rapport à la plupart des sports individuels ou collectifs, les arts de combat ont un risque de dégâts corporels plus élevés. C’est pourquoi il faut prendre en compte, même pour une pratique de loisir que les échanges de coups font monter le niveau de stress de manière faible, modérée ou intense, en fonction du niveau technique, de la personnalité du pratiquant et de l’état d’esprit de l’enseignant qui donne son cours.

 

Pour le néophyte qui vient tout juste d’acheter sa première paire de gants, en général, le corps et le mental ne sont pas habitués à donner ou recevoir des coups. Par peur, les crispations s’accumulent, les mouvements sont effectués avec trop de tension et de force.

 

Tout apprentissage requiert de la pratique, néanmoins il est possible par le vecteur cognitif de déverrouiller certains blocages plus aisément notamment sur la question de l’appréhension. Un travail sur soi est nécessaire pour accepter la peur que représente la douleur d’un coup ou d’une potentielle blessure (aléas inhérents à de telles pratiques). La volonté d’apprendre le combat et connaitre sa propre motivation sont les aspects psychologiques les plus importants pour débuter.

 

L’apprentissage d’un art de combat doit se faire de manière progressive surtout au niveau de l’intensité des frappes. Être dans la dureté n’amènera que tensions et blessures. Il est ainsi préférable d’être dans un état d’esprit d’échange plutôt que de confrontation. Cela favorisera la fluidité et la précision. A contrario, être dans la retenue par « peur de faire mal à l’autre » est souvent synonyme d’une peur de la réaction de l’autre, cela vous desservira votre partenaire et vous, car l’échange n’aura pas lieu !

 

L’intention de toucher son partenaire en appuyant ses frappes de manière modérée (light contact) permet de prendre plus de plaisir dans les combats et ainsi de mieux évoluer dans sa pratique. (La préparation à la compétition est un débat complètement différent).

 

Nous devons garder à l’esprit l’importance de l’échange dans le combat car sans partenaire nous ne pouvons ni pratiquer ni progresser ! Même si l’entrainement peut avoir pour vocation de nous préparer à une situation de conflit ou d’agression dans la rue il n’en reste pas moins que la violence ne peut être retranscrite de la même façon à la salle.

 

Le respect de l’intégrité physique et morale de ses partenaires est la première vertu à instaurer dans la pratique des arts de combats. Les liens de respect qui se tissent à l’entrainement nous permettront d’avoir des relations sociales sincères avec nos partenaires et mènent parfois à de très belles amitiés.

 

Que vous soyez débutant ou plus aguerri il n’y a rien de plus normal que de prendre un coup à l’entraînement, apprendre à encaisser est un atout majeur pour le combat, notamment lorsque l’on aspire à être capable de se défendre dans la rue. Avoir une réaction négative lorsque l’on reçoit un coup, (comme vouloir absolument le rendre ou devenir plus agressif) est un mécanisme égotique qui vous empêchera de progresser.

 

Vous serez à l’aise lorsqu’un coup pris ne vous affectera pas, que la réponse est adéquate sans réflexion préalable. Qualité observable chez les combattants expérimentés ! Lors d’un échange à la salle, qui se fait sous forme de convention sociale, les pratiquants décident ensemble d’augmenter le niveau d’intensité des frappes, en fonction de leur niveau.

 

Un pratiquant aguerri se doit, lorsque qu’il est face à un débutant, plutôt que de montrer sa supériorité technique et physique, de contrôler ses frappes afin de l’aider à progresser.

 

Vouloir vaincre a du sens durant les compétitions mais pas à l’entraînement, dans la rue il s’agit de se défendre, protéger ses proches ou de survivre, il n’y a jamais de victoire !

 

B/ Dans la rue :

 

Les termes prédateur et proie sont souvent utilisés pour illustrer le fait que l’agresseur choisit, selon certains critères qui il va attaquer. A l’exception des personnes atteintes de problèmes psychiatriques ou des personnes sous stupéfiants, un agresseur choisit sa proie, de manière consciente ou inconsciente, en fonction du gabarit, d’une attitude peu alerte, d’une démarche peu confiante…

 

L’élément le plus important est la VIGILANCE. Être alerte et avoir une bonne tenue de corps peut vous permettre d’éviter une agression. Par exemple, le soir j’évite les endroits sombres, peu fréquentés et je redouble de vigilance. Si une personne me semble louche et arrive en face de moi je change de trottoir en gardant une attitude normale.

 

La vigilance permet d’anticiper et selon la situation d’éviter complètement le conflit.

 

En situation de stress intense, le second élément clé est la confiance ou estime de soi. Elle est inhérente à chacun, s’est construite depuis l’enfance et joue un rôle très important dans nos interactions avec autrui. Vis-à-vis de la self-défense, les progrès durant les mises en situation à l’entrainement et la préparation physique renforceront les aptitudes au combat et la confiance en soi.

 

Se retrouver dans une situation de conflit avec autrui n’implique pas systématique une agression physique. Face à une personne agressive verbalement, la communication non violente (négociation) est la solution intelligente pour faire redescendre le niveau de stress.

 

Gardons à l’esprit que, dans une situation d’agression, tout le monde ressent de la peur. C’est une réaction naturelle. Il n’y a aucune honte à avoir peur, c’est une émotion qui fait partie de notre instinct de survie. Pour les personnes ayant des peurs trop ancrées, un travail psychologique est nécessaire, ce qui sort du champ de compétences de l’enseignant des arts de combat.

 

En situation de stress, notre acuité sensorielle est altérée afin que la réponse soit faite en urgence. Le champ visuel et la motricité fine (précision des gestes) peuvent être réduit de manière considérable. Pour des raisons physiologique et psychologique, le stress peut générer 3 types de réactions.

 

Fight : Combattre en situation d’agression physique nécessite pour la plupart d’entre nous l’apprentissage d’un art martial, sport de combat ou méthode de self défense.

Flight : Fuir est une réponse naturelle qui se fait suite à une évaluation en urgence de la situation. Je peux difficilement faire face à un ou plusieurs agresseurs plus fort que moi, donc je prends la fuite.

Freeze : Etat de sidération, inhibant la capacité à fuir ou combattre, que nous cherchons à éviter grâce à l’entrainement aux combats et à la préparation mentale.

 

L'effet de surprise ou la simple idée de violence, peut déclencher un phénomène de sidération engendrant une impuissance à répondre à l'agression. L’information de stress que reçoit le cerveau lors d’une agression peut engendrer un survoltage neuronal (compteur électrique qui disjoncte) nous incapacitant à réagir.

Pour être capable de répondre de manière adéquate à une agression il faut dans un premier temps être conscient que la violence existe, qu'elle émerge souvent des frustrations et qu’elle fait comme la peur, partie de notre instinct.

 

L’idée de la violence peut bloquer notre réponse car elle entraîne des conséquences sur notre psyché. Il est nécessaire d’y réfléchir même sans avoir jamais subi d’agression. Est-ce que je laisse libre court à mon instinct « guerrier » pour sauver ma peau, si oui, mes techniques de combat vont être utiles mais je garde à l’esprit l’importance de ne pas répondre de manière démesurée pour éviter de me retrouver face à la justice.

 

Le fait de donner et recevoir des coups ne fait pas partie de nos conventions sociales, cela a des conséquences sur notre intégrité physique et morale et celles d’autrui. En cela, avoir une pratique martiale peut être très bénéfique. Pour une approche de type self défense, les techniques de combat doivent rester simples. Plus les techniques sont complexes, par exemple un étranglement ou une clé de bras, moins elles sont applicables en situation de stress.

 

En situation de conflit, dans un premier temps, j’essaie de garder mon sang froid et je négocie. Face à une agression physique, une bonne condition physique et la maitrise de techniques de combat simples et intuitives sont requises.

 

Pour conclure, la réponse émotionnelle à un stress est très complexe à maîtriser. En extérieur dans un contexte où l’on se sent en danger, la VIGILANCE est la priorité.

5 : Taichi, une autre façon de pratiquer

TAI JI QUAN, signifie "boxe du faîte suprême", c’est un art martial chinois dit « interne » s'inspirant de la philosophie taoïste, une gymnastique de santé et une voie spirituelle. Cet art plus communément appelé Taichi en Occident emprunte son nom au symbole du Yin Yang appelé Tai Ji Tu en mandarin.

 

La pratique du Taichi s’effectue avec lenteur et vise à intensifier la conscientisation de l’exécution du geste, d’en comprendre le cheminement afin d’aller au-delà des automatismes. C’est pourquoi on la qualifie de pratique « interne. » Pour l’aspect biomécanique, la lenteur permet de limiter les tensions musculaires, de mobiliser le réseau des fascias et de créer de nouvelles connexions proprioceptives (l’équilibre et le schéma corporel), menant à la sensation d’unité.

 

Le réseau des fascias est le système tissulaire de glissement, maintien et mobilité de toute la structure corporelle. C'est la fine couche blanchâtre qui recouvre les organes, os, ligaments, tendons et muscles, les reliant les uns aux autres pour former l'ensemble du corps humain.

 

A / le Yin et le Yang

 

La pensée chinoise met en exergue la dualité et complémentarité de l’aspect Yin et Yang de toutes choses.

Pour la pratique du Taichi, on parle de douceur (Yin) et de dureté (Yang). Ces deux aspects sont facilement observables chez le nouveau-né qui fait preuve à la fois d’une grande élasticité ostéoarticulaire et d’un fort tonus musculaire.

 

Chez l’être humain, durant la croissance, la tendance liée au genre masculin ou féminin, l’éducation parentale, les activités physiques, artistiques et intellectuelles vont également faire évoluer l’énergie Yin ou Yang de l’individu.

 

Dans le domaine du sport, sans cantonner le genre à une discipline, on observe plus aisément la souplesse chez la femme et la force chez l’homme. Les observations scientifiques proposent une différence entre l’homme et la femme déjà au niveau de la texture de la peau plus dure, épaisse et résistante chez l’un, plus douce, fine et fragile chez l’autre. 

 

La pratique du Taichi peut aboutir à un rééquilibrage de l’aspect yin yang chez l’individu. Une personne trop rigide pourra gagner en souplesse tandis qu’une personne un peu faible musculairement pourra gagner en force. La difficulté en Taichi est de sentir l’interaction et non l’opposition des deux forces Yin et Yang.

 

Gang Rou Gong Ji est un proverbe chinois se traduisant par : Unir la force à la douceur.

 

B / Art martial, gymnastique de santé et voie spirituelle.

 

L’objectif des pratiques martiales étant d’apprendre à combattre, une préparation physique rigoureuse est donc indispensable. A un âge où les capacités physiques déclinent, il semble biologiquement naturel de se tourner vers une approche de perfectionnement orientée sur le bien-être et le développement personnel.

 

L’aspect « interne » du Taichi est une forme de préparation physique alternative, qui favorise la récupération et est complémentaire voire remplaçante (si l’objectif est uniquement la santé) du modèle d’entraînement classique où l’effort doit être intense et la dépense énergétique élevée.  La tension musculaire laisse place au relâchement, créant ainsi un contexte moins traumatique pour le corps.

 

J’ai personnellement commencé à pratiquer le Taichi pour renforcer et donner plus de profondeur à ma pratique martiale et sportive du San Da. La lenteur des formes permet de mobiliser le réseau des fascias, de retrouver un bon alignement de la structure musculosquelettique, d’avoir une meilleure tenue de corps et d’apprendre à se détendre.

 

Ma pratique journalière du Taichi me permet de découvrir, grâce aux principes fondamentaux, d’une part, une nouvelle sensibilité proprioceptive permettant de se mouvoir avec de moins en moins de tension, d’avoir un meilleur enracinement et d’autre part d’établir une forme de quiétude mentale.

 

Plus spécifiquement pour le combat, je suis plus stable, fluide et explosif, moins fatigué lorsque je boxe. Sur le plan mental je suis plus concentré, détendu. Par conséquent je suis plus à l’aise avec le fait de donner et recevoir des coups et je prends plus de plaisir dans les combats plus intenses.

 

En effet, l’équilibre entre les forces Yin Yang recherché dans la pratique du Taichi renforce le lien entre le corps et l’esprit par le biais de l’intention. Les principes fondamentaux ne peuvent s’appliquer sans intention, la maintenir est un réel défi de concentration car le mental est souvent perturbateur.  En cela, la pratique du Taichi, qui passe par le mouvement, s’apparente à une forme de méditation et peut devenir une puissante pratique spirituelle.

 

La spiritualité selon le dictionnaire Larousse :

Qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de toute matérialité. Ce qui concerne la doctrine ou la vie centrée sur Dieu et les choses spirituelles.

 

Même si la spiritualité nous semble être du domaine de l’abstrait, il n’en reste pas moins un domaine nécessitant une pratique. Ce qui caractérise le spirituel, que cela soit au travers des religions, des philosophies, de l’art… est simplement la manière dont on l’aborde. Faire du dessin ou jouer du piano peut se faire par simple plaisir. L’intention et la rigueur que l’on donne à une pratique la rend spirituelle.

 

Un lien fort entre le corps et l’esprit se fait dans la pratique du Taichi au travers de la concentration sur les sensations corporelles du mouvement. L’intensification progressive de la conscience du geste permet d’être plus détendu et alerte, la sensibilité corporelle (via les fascias), émotionnelle et spirituelle grandit, menant à la sensation d’unité. 

 

Mon engagement dans cet art, au fil de son approfondissement, l’a transformé en pratique spirituelle. La spiritualité mène naturellement un travail sur soi, à accepter le ressenti des émotions plutôt que de les refouler, les laissant ainsi passagères, nous rendant plus aptes à gérer le stress du quotidien et à trouver la quiétude, quête fondamentale du pratiquant d’arts martiaux.

Conclusion

Différentes motivations nous mènent à la pratique des arts de combats, apprendre à se défendre, développer des bonnes qualités physiques, besoin de prendre confiance en soi, dépense énergétique intense etc…

 

La pratique peut être appréhendée comme un loisir ou avec rigueur, devenir une passion, un chemin de vie, une voie spirituelle, tout dépend de l’intention avec laquelle elle est réalisée.

 

Elle peut nous permettre de transcender une peur, de se maintenir en bonne forme, de tisser des liens sociaux, de se dépasser physiquement et mentalement à l’entrainement et/ou via la compétition, etc…

 

Quoi qu’il en soit, les arts de combats peuvent difficilement être abordés comme un jeu. Quelle que soit la motivation ou les objectifs de chacun, le respect mutuel des partenaires ou adversaires est de rigueur. Combattre, même de manière souple, ne doit pas être pris à la légère. Les échanges de coups et le stress engagé doit nous apprendre à savoir faire preuve d’humilité.

 

L’investissement que chacun prête à la pratique d’un art de combat est toujours respectable. L’important est d’y trouver une forme d’épanouissement personnel et de réalisation de soi.

Rédigé par Vincent Curulla, 11 mai 2022